Hervé Guibert – 11.11.16 > 13.01.17
Hervé Guibert est un grand écrivain français décédé du sida en 1991. Souvent caractérisé comme « écrivain du corps » l’auteur a placé la maladie au centre de son œuvre, oscillant sans cesse entre réalité et fiction. « À l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie » son roman-témoignage fit scandale à sa sortie en 1990 et révéla l’auteur au grand public.
Porté par la volonté constante de raconter sa vie et le monde qui l’entoure, Hervé Guibert se lança très jeune dans la photographie qu’il concevait comme un moyen d’exprimer « quelque chose que l’écriture avait vocation de parachever». Soutenu très tôt par la galeriste Agathe Gaillard qui permit de révéler son travail en lui offrant une place centrale dans le milieu de la photographie, considéré à l’époque comme un art nouveau, Hervé Guibert fut chroniqueur de photographie et de cinéma au journal Le Monde de 1977 à 1985. Une rétrospective de son travail a été présenté à la Maison Européenne de la photographie en 2011.
Aujourd’hui Anne-Dominique Toussaint, avec la complicité de Christine Guibert et Agathe Gaillard, souhaite mettre en lumière une partie intégrante de la création d’Hervé Guibert, sa passion et son « rêve du cinéma ». En 1983 il obtient le César du meilleur scénario pour sa collaboration avec Patrice Chéreau sur « L’homme blessé ». Le cinéma étant sa première vocation, l’artiste a toute sa vie souhaité réaliser son propre film. Il faudra pourtant attendre la médiatisation de sa maladie et de sa mort pour découvrir son premier long métrage « La Pudeur et l’Impudeur » diffusé à titre posthume en 1992.
L’exposition à la Galerie Cinema parlera de cette obsession du cinéma à travers des images intimes, scénario de la vie d’Hervé Guibert et sera constituée de tirages d’époque et parfois uniques : autoportraits, objets fétiches, amours photographiés et aussi portraits comme ceux de son ami Jerry Jouno, Mathieu Lindon, Henri Cartier-Bresson, Peter Handke, Orson Welles. On découvrira aussi, alors inconnue, Isabelle Adjani grande amie de l’écrivain radieuse sous l’objectif du photographe qui fantasmait un film où elle serait l’héroïne. Hervé Guibert marque l’empreinte d’une époque où l’auto fiction traverse les arts, littérature, photographie, cinéma. Visionnaire et protéiforme. Dans la salle de projection des extraits du documentaire « Guibert cinéma » réalisé par Anthony Doncque viendront prolonger la réflexion autour du désir de cinéma.